Le travail de l'apiculteur en
Octobre
En octobre dans la ruche, c’est la phase cruciale : la préparation à l’hivernage. Les températures chutent progressivement, les jours raccourcissent et la végétation profite de ses derniers éclats. Les abeilles butinent encore le lierre, la ravenelle, le trèfle ou la sarriette, mais la saison touche à sa fin. Bientôt, les premières gelées. C’est une période déterminante où chaque colonie s’organise pour affronter l’hiver, tandis que l’apiculteur veille attentivement à mettre en place toutes les conditions favorables au bien-être et à la survie de ses abeilles.
Dans la ruche
La reine réduit fortement sa ponte, parfois jusqu’à s’interrompre complètement. Il y a un ralentissement marqué. Les derniers cadres de couvain se ferment. Cette stratégie permet d’économiser les ressources en miel et en pollen, devenues précieuses. Les abeilles commencent à puiser dans leurs provisions stockées durant l’été, tout en restant vigilantes face aux pillages et aux frelons encore actifs.
À mesure que les températures chutent, les abeilles se rassemblent en grappe compacte autour de la reine et du couvain restant. Ce regroupement, véritable coeur battant de la colonie, permet de maintenir une chaleur interne stable, autour de 27 à 35 °C au coeur et 6 à 12°C en périphérie. Les abeilles d’hiver, dotées d’un corps gras développé par la vitellogénine, assurent ce travail de thermorégulation. Leur mission est cruciale : protéger la reine, économiser l’énergie et garantir la survie de la colonie jusqu’au printemps. Les réserves de miel constituent alors leur seule assurance-vie.
Au rucher
Vérifier les réserves alimentaires :
Dans la ruche une colonie doit disposer d’au moins 15 à 20 kg de miel operculé pour passer l’hiver dans de bonnes conditions (source : Institut de l’abeille – ITSAP). Cette valeur correspond à la consommation moyenne d’une colonie de taille standard entre octobre et mars. En cas de manque, l’apiculteur peut compléter avec du sirop lourd (70 % sucre, 30 % eau), distribué en plusieurs apports de 2 à 3 litres, espacés d’une semaine environ, avant la baisse des températures En effet, en deçà de 10-14°C, ce sirop devient difficile à transformer par les abeilles. Elles risquent de le stocker mal operculé, provoquant de l’humidité et des fermentations. Si ces températures sont atteintes en octobre préférez l’apport de candi, voire un candi protéiné. Ce dernier permet d’assurer la production d’abeilles d’hiver robustes, mieux armées pour traverser la saison froide et relancer la colonie au printemps.
Contrôler l’état sanitaire et le varroa :
Le varroa destructor reste l’ennemi principal en automne. Sans traitement, une infestation peut réduire la population d’abeilles d’hiver de 30 à 50 %, à cause des nombreux virus qu’ils transmettent : ailes déformées, etc, compromettant ainsi l’hivernage.
Pour ceux qui utilisent des lanières, les retirer et les gratter (les griffer d’un coup de cutter) pour relancer le dégagement des produit chimiques, les replacer dans le couvain et prévoir de les enlever suivant les recommandations du vétérinaire
L’apiculteur doit hiverner les colonies dans un excellent état sanitaire.
Réduire les entrées et protéger la colonie :
La pression du frelon asiatique (Vespa velutina) reste très forte jusqu’aux premières gelées. Chaque individu peut capturer en moyenne 30 abeilles par jour, ce qui affaiblit lourdement les colonies et cause un stress important. Les portes anti-frelons, les muselières et autres pièges sont donc indispensables en octobre. Les portes anti-frelon, même si, elles ne sont pas infaillibles, jouent un double rôle : freiner les attaques du frelon et empêcher l’intrusion d’autres envahisseurs comme les mulots. Ces entrées réduites limitent aussi les risques de pillage.
Optimiser l’isolation et gérer l’humidité :
La gestion de l’humidité dans une ruche est un enjeu crucial pour la santé des abeilles. Deux approches principales coexistent : la méthode classique, qui privilégie l’aération pour évacuer l’humidité, et la méthode dite « ruche basse consommation », qui mise sur l’isolation pour limiter la condensation tout en acceptant une humidité relative plus élevée. Cette humidité régulée par les abeilles joue un rôle positif : elle maintient l’élasticité de la cire, facilite la bonne conservation du miel, favorise un développement optimal du couvain et, selon certaines études récentes, pourrait aussi limiter partiellement la reproduction du varroa en réduisant son taux de survie dans des conditions très humides
Dans les deux cas, l’équilibre est clé : trop d’humidité ou trop de sécheresse sont néfastes. Les abeilles tolèrent mieux une humidité relative élevée (jusqu’à 80-90%) si elle est stable et sans condensation.
Ranger et préparer le matériel :
L’automne est aussi la saison de la préparation. Les cadres vides et les hausses doivent être stockés à l’abri des fausses-teignes, qui peuvent détruire un cadre en quelques semaines. Les hausses et extracteurs doivent être nettoyés soigneusement, car les résidus de miel attirent moisissures et rongeurs. L’idéal est de stocker les hausses sous un auvent en favorisant une ventilation haute et basse.
Les cires gaufrées se conservent mieux dans un endroit sec et hermétique, à l’abri des insectes xylophages.
Observer sans déranger :
En octobre, l’ouverture de la ruche refroidit la grappe et peut coûter plusieurs centaines d’abeilles par visite. L’apiculteur privilégie donc l’observation externe. Un vol d’abeilles régulier par temps doux (10–15 °C) indique une colonie active et saine. Au contraire, une absence totale d’activité peut révéler une colonie morte ou très affaiblie. L’écoute reste aussi un bon indicateur : un bruissement uniforme signale une colonie équilibrée, tandis qu’un bruit faible et irrégulier peut indiquer une reine absente.
Les plantes mellifères d’octobre :
Même si les ressources se raréfient, certaines plantes jouent encore un rôle majeur pour soutenir les colonies. Le lierre constitue la principale ressource nectarifère et pollinifère de l’automne. Son nectar riche en sucres et son pollen gras sont essentiels à la constitution des abeilles d’hiver. Dans certaines régions, la bruyère callune, le trèfle blanc de repousse, certaines astéracées ou encore l’inule visqueuse tardives apportent des compléments non négligeables. Ces apports permettent de stimuler la ponte résiduelle et d’améliorer les réserves protéiques. Leur présence dans l’environnement proche du rucher conditionne directement la vitalité et la longévité des colonies pendant l’hivernage.