Le travail de l'apiculteur en
JUIN
Le début de la saison apicole de 2024 a été marqué par le mois de mai le plus pluvieux depuis 2013, mettant à rude épreuve les colonies d'abeilles... Cette situation extrême a engendré des situations difficiles pour de nombreux apiculteurs. Dans certaines régions, il n'y a eu aucune récolte à ce jour, l'essaimage a été plus important et des mortalités massives par famine ont été observées dans les ruches les plus peuplées. Cependant, dans quelques rares zones, notamment celles où le colza prédomine, les résultats de la récolte sont restés acceptables. Face à cette situation, il est impératif de surveiller les réserves dans les ruches. De plus, la lutte contre le frelon asiatique, dont le développement a pris du retard en raison des conditions météorologiques, doit se poursuivre activement. La prudence et l'attention sont plus que jamais nécessaires pour naviguer à travers cette période critique.
Dans la ruche
Jusqu’au 21 juin, la reine pond abondamment dans la ruche. À partir du solstice, le manque de pollen et de nectar entraîne une diminution de la ponte et 21 jours plus tard, le 14 juillet, les naissances sont plus abondantes que les oeufs pondus. Jusqu’à la mi-juillet, les abeilles continuent de bâtir. En effet, la construction est le fait des cirières ; c’est-à-dire des abeilles qui ont atteint environ 12 jours d’âge. Cette production dure moins d’une semaine. Cette très courte fonction cirière chez l’abeille donne lieu à la construction des rayons dans la mesure où le nombre de cirières est important et que nectar et pollen rentrent en abondance. Le solstice marque donc un vrai changement de saison pour les abeilles.
Le calendrier de vie des abeilles est crucial dans le développement de vos colonies. Il faut bien avoir à l’esprit que les abeilles présentes au trou de vol en juin sont issues des oeufs pondus en avril. Pour avoir des colonies fortes en fin d’été, c’est donc au mois de juin que tout se joue ! Un manque de nourriture en cette saison peut donc avoir d’importantes répercussions sur l’hivernage. Surveillez donc les miellées et les réserves.
Au rucher
L’apiculteur pourra profiter de l’activité des cirières pour faire construire des cadres. C’est le dernier mois pour la construction des rayons et il est important de poursuivre leur renouvellement. Il en profitera alors pour jeter un oeil au couvain – reste-t-il abondant ? – et à la santé de la ruche – y a-t-il des signes de maladies, en particulier de varroa ? En cas de faiblesse du couvain, il pourra nourrir afin de stimuler la ponte de la reine (cela peut être le cas d’un essaim récupéré il y a peu). Cela permet de maintenir la dynamique de la ponte de la reine, c'est essentiel.
Agrandir et aérer : le soir les abeilles "font la barbe", elles s'agglutinent en paquet sous le plateau de sol. C'est le signe que la colonie est trop populeuse (dans ce cas il faut ajouter une hausse) ou que la ruche est trop chaude (dans ce cas il faut mettre un fond de ruche aéré).
Prendre soin des essaims artificiels qui doivent progresser régulièrement d'un cadre supplémentaire par mois
Juin, mois des transhumances
Pour certains apiculteurs, juin est un mois de transhumance. Après l’acacia, le tilleul puis la lavande sont deux gros fournisseurs de miel de qualité. L’apiculteur pourra profiter de ces floraisons en déplaçant ses ruches et en veillant à mettre des hausses nouvelles afin de recueillir un miel mono-floral. Les colonies seront introduites seulement lorsque 10 à 20% des fleurs sont ouvertes afin que les abeilles soient immédiatement attirées dans les cultures à polliniser et ne soient pas tentées de se tourner vers une source plus attractive. L’apiculture, si elle a quelques grandes règles de base, n’est pas pour autant science exacte ou pour le moins régulière. L’année apicole doit se ‘’ personnaliser ‘’ par l’observation de la ruchée, la connaissance de son environnement, des conditions et prévisions météo, et des options de l’apiculteur. L’apiculteur surveillera l’essaimage qui peut encore se produire.
Quelles sont les plantes mellifères au mois de juin ?
Le tilleul : procure un miel délicat. Sa floraison prend le relais de celle de l’acacia. C’est un arbre plus majestueux que ce dernier. Il rivalise avec le chêne en la matière, ce qui n’avait pas échappé aux anciens. Le tilleul est abondamment consommé en tisane pour ses vertus sédatives. Au mois de juillet, les abeilles ne se contentent pas de visiter le fond des corolles, elles récoltent également le miellat, produit par les pucerons se développant sur le feuillage dont ils ponctionnent la sève. Le miel de Tilleul peut entrer dans la composition poly-florale du miel de forêt ou faire l’objet d’un miel mono-floral. Dans ce cas, il est ambré-clair et prend, à l’état solide (cristallisation courte à longue), une teinte jaune plus ou moins sombre dont la granulation est moyenne.
La lavande : est le symbole de la Provence. Ces champs inspirent les peintres et les abeilles ! Elle a un petit cousin : le lavandin. Toutes deux de la famille des labiées, la lavande et le lavandin, que l’on confond très souvent, sont
néanmoins d’espèces différentes. La lavande vraie est une espèce originelle, alors que le lavandin est un hybride qui résulte du croisement de la lavande vraie et de l’Aspic. La lavande (ou le lavandin) a pour l’apiculteur, outre la qualité du miel qu’elle fournit, une deuxième vertu : une fois séchées, ses tiges constituent un excellent combustible pour les enfumoirs. Il est toutefois à noter que la lavande ou lavandin n’apporte pas de pollen aux abeilles.
Le châtaignier : présent essentiellement sur les sols acides et un arbre élancé qui procure nectar et pollen à nos chères butineuses. Il procure un miel aux saveurs boisées avec une légère amertume. Riche en oligo-éléments (potassium, magnésium, manganèse et barym). Ce miel possède des vertus cicatrisantes.